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Perte de la nationalité française

Le syndrome indien

Argos 2001 remercie chaleureusement le Dr Régis Ayrault pour sa conférence du 25 mars dernier, au
Fiap (30 rue Cabanis, Paris 14ème) intitulée « les décompensations psychiatriques en voyage : le
Syndrome de l’Inde ».
En première partie, a été projeté le documentaire « le syndrome des Indes – sur la route du soi » de Ph.
Vitaller (Edition Les Films Jack Fébus)
La deuxième partie de la conférence a été consacrée à un échange très vivant avec le public.
Vous trouverez ci-après un texte extrait du dossier de presse :
Actualité du Syndrome Indien (Délires d’Occidentaux et sentiment océanique)
Par Régis Airault
(Premières rencontres Franco-Indiennes de Psychiatrie et Psychanalyse ; New Dehli 02/03/07)
L’Inde rendrait-elle fou ? Je me suis posé la question lors de mon séjour en tant que médecin du
consulat de France à Bombay (Mumbai) dans les années 1985-86, après avoir constaté l’existence
d’un véritable « syndrome indien » touchant les Occidentaux - pour la plupart des adolescents et des
jeunes adultes – qui vont dans ce pays.
Ici plus qu’ailleurs, et de manière plus spectaculaire, il semble que notre identité vacille.
Des personnes jusque là indemnes de tout trouble psychiatrique, et n’ayant consommé aucune drogue,
éprouvent soudain un sentiment d’étrangeté et perdent contact avec la réalité. Plus curieux : ces
troubles sont presque tous sans lendemain. Même dans les conditions les plus dramatiques, de retour
chez lui, le voyageur semble en garder un bon souvenir. Et quelques mois ou quelques années plus
tard, il n’a plus souvent qu’une idée en tête : revenir en Inde…
Qu’est-ce qui attire les jeunes en Inde ? Pourquoi sommes-nous si fragiles là-bas ? Et que nous
apprend sur nous même cette expérience qui, de l’aveu de ceux qui l’ont vécue, transforme en
profondeur la vision que nous avons du monde ?
A mon avis, la réponse est à chercher du côté du sentiment océanique, ce « sentiment d’union
indissoluble avec le grand tout et d’appartenance à l’universel » dont Freud au début de « Malaise
dans la civilisation » . En Inde, le voyageur se sent littéralement absorbé par une autre réalité où tout
parait possible, où les fantasmes semblent pouvoir se réaliser. La tentation est gtande, alors, de lâcher
prise, de se laisser phagocyter par celle que l’on appelle Mother India…
Tous ces troubles seront illustrés par le documentaires de 52 min que nous projeter : « le syndrome de
l’Inde, sur la route du soi ».
La question que je pose ici est la suivante : les épisode d’allure psychotique, qui ne sont pas dus : au
choc culturel (à l’arrivée dans le pays), à un voyage pathologique (patient porté en Inde par son délire
ou patient toxicomane), à un voyage thérapeutique (patient présentant des troubles avant son départ
qui vient se soigner en Inde), d’où le terme de Voyage Pathogène (que l’on peut définir comme une
bouffée délirante aigue déclenchée par le voyage, en l’occurrence en Inde), ne peuvent-ils pas avoir
valeur initiatique dans une société occidentale qui laisse de moins en moins de place à l’imaginaire, à
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un espace de liberté, à une aire de jeux au sens de Winnicott –dès que l’on sort des chemins tracés par
les médias (TV, cinéma, DVD, informatique, Internet…), où l’individu est de plus en plus formaté
(ambiance Matrix ou 1984). Ce bain d’humanité que représente le voyage en Inde (où l’on peut se
sentir comme un poisson dans l’eau, mais aussi comme un poisson hors de l’eau…), ne nous permet
pas seulement d’échapper au carcan de notre culture, mais aussi de toucher du doigt le Mysticisme,
Mysticisme qui suinte de tous les interstices de cette terre que l’on appelle Mother India, où rien n’est
objet, mais tout est Divin, et donc « workshippé » (adoré), jusqu’à la Nation.
Cette sensation d’ouverture au Divin, le « Sentiment Océanique » décrit par Ramakrishna, puis
Romain Rolland ou Freud, peut être ressentie ailleurs qu’en Inde mais pas avec une telle ampleur (et
par un aussi grand nombre d’individus).
Je viens de vivre 5 ans sur une île africaine et française en pleine nature, l’Ile de Mayotte, située entre
Madagascar et l’Afrique de l’Est et je n’ai jamais ressenti cette sensation « océanique » au milieu de
l’océan comme sur cette terre indienne : c’est quand même étrange… Et tous les voyageurs au long
court , vous le diront mais le plus souvent hésiteront (avec raison) avant d’en parler à leur psychiatre
ou à leur psychanalyste : il se passe des choses étranges en nous lors du Voyage en Inde. De la simple
exaltation à l’explosion intérieure, et c’est tant mieux… Et tant que vous n’aurez pas fait (ou effleuré)
cette expérience d’extase sauvage (M.Hullin) non cadrée par la religion, vous pourrez vous réfugier
derrière l’alibi de la drogue et/ou le diagnostic de la psychose ou le nommer « the Indian’s travellers
bound syndrome » (ITBS) pour ceux qui aiment bien mettre les choses en boîte…
Alors écoutons simplement nos patients voyageurs raconter leurs expériences indiennes, même si
parfois par accident qu’ils sont « allumés » (dirait Jacques Vigne), illuminés, quand la « Kundalini »
s’éveille et qu’ils font cette expérience d’extase sauvage.
Chaque culture semble désigner à ses membres un lieu où il est plus facile de décompenser qu’ailleurs.
Pour l’occident, c’est l’axe oriental : sur les chemin du Grand Tour en Italie avec le Syndrome de
Stendhal (du nom de l’écrivain qui a décrit cet état d’exaltation déclenché par la beauté des oeuvres
d’art à Florence et qui a été décrit par la psychiatre Graziella Magarini), du christianisme et des croisés
avec le Syndrome de Jérusalem, de l’Inde, avec le Syndrome Indien, sur les traces de Marco Polo et de
nos rêves d’enfant ; rêves qui nous portent également vers un autre fantasme occidental : celui de l’Ile
Déserte, et de la robinsonnade aux antipodes de la civilisation (Syndrome de Hawai, de Tahiti ou
Syndrome Insulaire).
Pour les japonais, ce sera le Syndrome du Japonais à Paris (car ils ont les moyens de se payer un
syndrome…).
Quant aux ressortissants de nos ex-colonies africaines ou asiatiques que l’on nomment les immigrés,
on ne mettra en avant que les raisons économiques pour expliquer un tel flux migratoire vers la Mère
Patrie…
Pour en finir avec cet inventaire, je ne ferais qu’évoquer le Syndrome de la Mecque avant d’avoir une
fatwa, mais je suis sûr que les exemples sont encore nombreux…
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Régis Ayrault est l’auteur de 2 livres :
« Fous de l’Inde, Délires d’occidentaux et sentiment océanique », Paris, Editions Payot, 2000 ; Edition
Poche 2002.
L’auteur raconte dans son livre comment de Bombay à Goa, il a aidé ces voyageurs à la dérive, les
accompagnant dans un parcours initiatique qui pourrait être bien être celui du passage à l’âge adulte.
Psychiatre, il a exercé au consulat de France à Bombay, puis a effectué de nombreux rapatriements
sanitaires pour le compte d’une compagnie d’assurances. Il a ensuite mis en place et dirigé pendant 10
ans, au Centre Hospitalier de Longjumeau, l’unité d’écoute, d’orientation et de situations de crise,
spécialisée dans la prise en charge des adolescents suicidaires.
Médecin chef à Mayotte de septembre 2001 à septembre 2006, il a créé le premier secteur de santé
mentale dans cette île jusque là vierge de toute psychiatrie.
Il exerce actuellement comme Praticien Hospitalier dans le 17ème arrondissement de Paris.
« Faire une pause dans sa vie - Au pays de la lune à l’envers » Editions Payot Essais
Stop ! Pouce ! Je ne joue plus, j’arrête. Changer tout, rompre avec le quotidien, partir, se réfugier à la
campagne, voyager, prendre en main sa destinée au lieu d’attendre d’en arriver aux extrêmes et de tout
casser : le couple, le travail, la santé. Bref, faire une pause, une parenthèse de vie : nous en rêvons tous
mais peu s’y risquent. Pourquoi est-ce si compliqué, alors que c’est si simple ? Serions-nous donc
résignés par peur du changement ?
Il y a trois ans, Régis Airault a décidé de faire une pause dans sa vie de psychiatre hospitalier parisien
suroccupé, et dans sa vie tout court. Il est parti créé une unité de soins psychiatriques dans l’Ile de
Mayotte, au bout du monde, dans l’océan indien, emmenant avec lui son épouse sculptrice et leurs
deux enfants. Mais cette pause – ouverture sur un autre monde – il ne la vivra pas forcément telle qu’il
se l’imaginait. A travers un récit très personnel et engagé dans lequel il s’implique totalement et se
remet en cause, Régis Airault va nous indiquer, presque entre les mots, combien nous nous trouvons
face à des portes, grandes ou petites, que nous ouvrons ou n’ouvront pas.
Un livre de vie, de sagesse aussi, pour se mettre en « jachère psychique », apprendre à respirer, à
souffler, à ménager au quotidien bulles et parenthèses. Pour garder intactes nos capacités
d’émerveillement.

of time and the city

film magnifique sur Liverpoolof time and the city

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