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Au Nom du Père, 29

Le père de E...sortit les photos après lui. Quand il vit toutes ces photos, le père de D...fut convaincu que D... et E... étaient des soeurs. Et il se mit à parler de son désarroi de père : « Au téléphone, j'ai vraiment été incorrect. Mais il faut nous comprendre. Nous avions une petite fille dépressive. Et nous ne pouvions rien pour elle. Aucun soutien. Quasiment des reproches. Fallait bien s'attendre. Avec une enfant adoptée. C'est notre fille. Comme l'autre. On veut qu'elles soient heureuses toutes les deux. L'aînée, elle a passé un tas de diplômes. Une vraie médaille en chocolat. Elle, je l'ai gardée auprès de moi. Elle aura mon entreprise. Si l'aînée n'a toujours rien trouvé, elles travailleront à deux. C'est pas que j'ai pas voulu qu'elle fasse des études. C'est que l'autre, ça n'a servi à rien. L'autre jour au téléphone, c'est pas qu'on ne voulait pas qu'elle voit sa soeur. Mais les gens sont tellement bêtes... Il y en a pour rire avec ça. Je ferai tout pour qu'elle voit sa soeur. Nous aussi, on voulait lui payer le voyage. Seule, avec sa soeur, ou avec nous en famille. C'était comme elle voulait. Mais elle n'a rien voulu. On va même au resto indien seuls.
Ah, si seulement ils nous avaient dit !
– Elles se seraient vues régulièrement.
Vues seulement. Pas question de vous céder ma fille !
C'est pas croyable de faire des choses pareilles. Nous notre fille, elle a hurlé à l'aéroport. Mais on ne comprenait pas ce qu'elle disait. On n'a jamais eu de traducteur. On prétendait que c'était une langue trop rare. On a adopté un enfant, dans son intérête, l'intérêt supérieur de l'enfant, comme disent les JAF, sans comprendre un seul mot de sa langue mais croyant tout savoir de son intérêt, à cette enfant à la langue étrangère. Ce qui me dégoûté, j'ai rien contre eux, mais c'est qu'il y a des adultes, des adultes qui entrent en France dans l'illégalité, à eux, on leur fournit un traducteur. Un enfant innocent n'y a pas le droit ! Pourtant, j'ai su des années plus tard, qu'il y avait moyen de trouver un interprète pour notre fille, il fallait se rapprocher des services de police et d'immigration. Bref, les interprètes, c'est pour pouvoir renvoyer les adultes dans leur pays, ce n'est pas pour accueillir les enfants.
La vôtre se souvenait d'avoir une soeur ? La mienne n'a rien dit. Mais elle est si silencieuse.
Non. Elle ne savait rien. Même quand elle a appris qu'elle avait une soeur, elle était contrariée. »

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